Actes n°2 / Médialivres - Médiations de la littérature de jeunesse en médiathèque et au musée

Sciences de l’information et de la communication (SIC) et littérature pour la jeunesse

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Cécile Dupin De Saint Cyr - Heckel

Résumé

Résumé

Cette recherche interroge la place de la littérature jeunesse dans les travaux de recherche en sciences de l’information et de la communication entre 1965 et 2021 et la manière dont elle y apparait. Comment les étudiants et les chercheurs en sciences de l’information et de la communication s’y intéressent-ils ? Qu’est-ce que les publications scientifiques en sciences de l’information et de la communication nous disent de et sur la littérature jeunesse ? Peut-on dégager des spécificités de cette approche ? Pour ce faire, nous avons interrogé différents portails d’archives ouvertes : Sudoc, Memsic, Dante, Theses.fr, Dumas et constitué un corpus de 156 références recensant des mémoires de master, des thèses et des publications scientifiques. L’analyse de ce corpus révèle un intérêt certain des étudiants en sciences de l’information et de la communication pour la littérature jeunesse. La professionnalisation des formations expliquerait en partie le plus petit nombre d’articles scientifiques recensés dans les revues reconnues du domaine des sciences de l’information et de la communication.

Mots clés : littérature jeunesse, médiation, Robert Escarpit, Denise Dupont-Escarpit, sciences de l’information et de la communication

 

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Abstract :

This research examines the place of children's literature in research in the information and communication sciences between 1965 and 2021 and the way in which it appears in this work. How are students and researchers in information and communication sciences interested in it? What do scientific publications in information and communication sciences tell us about children's literature? Can we identify any specific features of this approach? To do this, we questioned various open archive portals: Sudoc, Memsic, Dante, Theses.fr, Dumas and compiled a corpus of 156 references listing master's theses, dissertations and scientific publications. Analysis of this corpus reveals a clear interest in children's literature among students of information and communication sciences. The professionalisation of training courses may partly explain the smaller number of scientific articles listed in recognised journals in the field of information and communication sciences.

Keywords : children's literature, mediation, Robert Escarpit, Denise Dupont-Escarpit, information and communication sciences

 

La littérature jeunesse est étudiée par bien des disciplines, parmi elles on compte les langues vivantes, l’histoire, les sciences de l’éducation, les sciences du langage, la psychologie, la sociologie, etc. (Nières-Chevrel, 2017). Pour certaines de ces disciplines, un rapprochement semble plus évident que pour d’autres. Pourtant, le rapprochement des sciences de l’information et de la communication (SIC) et de la littérature nous paraît observable et déjà observé à travers différents indicateurs tels que l’histoire de la discipline des sciences de l’information et de la communication (Tétu, 2002 ; Boure, 2007), l’étude de concepts communs (Bouchardon, Deseilligny, 2010), la volonté des chercheurs de travailler ensemble lors de manifestations scientifiques communes ou encore celle d’écrire la recherche autrement avec et à partir du récit (Vassor, Verquere, 2022). Ce rapprochement est réel et étudié, cependant la proximité des sciences de l’information et de la communication et de la littérature jeunesse nous paraît peu considérée. Nous cherchons alors à interroger la place de la littérature jeunesse dans les travaux de recherche en sciences de l’information et de la communication et la manière dont elle y apparaît. Pour ce faire, nous interrogeons la façon dont les étudiants et les chercheurs en sciences de l’information et de la communication s’y intéressent. Que révèlent les publications scientifiques en sciences de l’information et de la communication de et sur la littérature jeunesse ? Peut-on dégager des spécificités de cette approche ? Nous proposons de dégager des points de connexion entre les sciences de l’information et de la communication et la littérature jeunesse.

Afin d’évaluer la présence de la littérature jeunesse dans les travaux universitaires issus des sciences de l’information et de la communication et rendre visible la manière dont elle y est abordée, nous exposerons le cadre théorique de la littérature jeunesse, ses caractéristiques, les médiations possibles et sa place dans les sciences de l’écrit. Nous nous pencherons ensuite sur les travaux en sciences de l’information et de la communication dans lesquels il est question de littérature jeunesse pour tenter de percevoir des rapprochements.
 

1. État d’avancement des connaissances

1.1. Définition et caractéristiques de la littérature jeunesse

Entre 1914 et 1932, Paul Hazard, historien de la littérature, est le premier universitaire français à s’intéresser à la littérature enfantine (Nières-Chevrel, 2017). Mais il faudra attendre les années 1970 pour que la littérature jeunesse entre dans la recherche et l’enseignement universitaire français « de manière visible, collective et durable » (Nières-Chevrel, 2017). Au croisement des disciplines, la littérature jeunesse est interrogée à travers l’histoire de l’enfance et de la culture, l’histoire du livre jeunesse et de son édition, les échanges avec la culture orale, les rapports de la littérature et de l’esthétique (Perrot, 1999). 

La littérature jeunesse est un objet complexe, difficile à cerner et à définir. Longtemps considérée comme une sous-littérature (Noël-Gaudreault, Le Brun, 2013), on ne peut pas à proprement parler d’un genre puisque les objets qu’elle rassemble sont trop disparates pour les réunir sous la forme d’un unique genre (Letourneux, 2016). Le livre jeunesse est un objet culturel polymorphe (Boulaire, 2009), il peut prendre la forme d’un objet hybride : livre-jouet, livre-jeu, livre-disque, livre-coffret. Matthieu Letourneux (2011) met en évidence les importantes mutations des formes de fiction pour la jeunesse et la pluralité des formes et des pratiques qui en sont faites. On trouve en effet une variété très étendue d’objets livres et de titres de presse destinés à la jeunesse : livres d’éveil, livres animés, pop-up, albums, abécédaires, imagiers, documentaires, romans, pièces de théâtre, bandes dessinées, mangas, journaux, magazines… sous forme de recueils : de poésies, de comptines, de nouvelles, de contes…

La concrétisation d’un projet d’écriture de littérature jeunesse passe par un travail éditorial. Parmi les grands groupes d’édition qui publient des livres jeunesse en France on trouve : le groupe Madrigall qui possède entre autres Gallimard Jeunesse, Flammarion Jeunesse, Casterman et Sarbacane ; le groupe Albin Michel ; Média Participations qui détient Fleurus, Mame, Mango, Dargaud, Le Seuil/La Martinière ; le groupe Bayard avec les éditions Milan ; le groupe Editis avec Gründ, Pocket Jeunesse, Poulpe Fictions et encore le grand groupe Hachette qui détient Hachette Jeunesse, Grasset Jeunesse, Gautier-Languereau, Rageot, Didier Jeunesse (Beauvais, 2023). D’autres maisons indépendantes se sont spécialisées en jeunesse comme L’École des loisirs fondée en 1965 par Jean Fabre ou Rue du monde, maison d’édition créée par Alain Serres en 1996 (Boutevin, Richard-Principalli, 2008).

La question du lectorat est très discutée puisque si la littérature jeunesse s’adresse principalement aux jeunes enfants et aux adolescents, elle touche en fait un public bien plus large d’enfants et d’adultes plus ou moins jeunes. Les âges fluctuent en fonction des pays, de la situation sociale, de la longueur de la scolarité et des modes d’initiation à la maturité adulte (Perrot, 2017). Il n’en reste pas moins que l’écriture du livre jeunesse est orientée vers un destinataire spécifique, un public en formation, ce qui fait dire à Sophie Van der Linden qu’il s’agit d’une « littérature adressée » (Van der Linden, 2021). Le format, la typologie des objets livres permettent souvent de pressentir l’âge du lectorat mais ils ne sont pas les seuls indicateurs, le lecteur doit pouvoir trouver un équilibre, une adéquation entre ses propres compétences en maîtrise de la langue, en lecture d’images et le niveau de langue utilisé dans les textes qu’il rencontre, le style, la syntaxe, le lexique employé, etc.

La littérature jeunesse se définit aussi par ses fonctions. Et comme pour la littérature adulte, la littérature destinée aux enfants et aux adolescents cherche tantôt à instruire, enseigner, apporter des éléments de réflexion et de compréhension du monde (Émery Bruneau, 2003), tantôt à amuser ou à distraire. Pour le psychologue américain Jérôme Bruner, les récits influencent notre pensée, notre perception et notre compréhension du monde (Bruner, 1986 ; Bruner, 1997). Dans le même sens, pour Sophie Van der Linden s’il fallait ne retenir qu’une seule fonction de la littérature jeunesse, ce serait celle « d’aider les enfants et les adolescents à grandir » (Van der Linden, 2021). Et pour la chercheur et auteur Clémentine Beauvais : « la littérature jeunesse est une éducation à la littérature » (Beauvais, 2023). Et elle poursuit :

« On dit que la littérature jeunesse est une éducation à la lecture. On dit que la littérature jeunesse est une éducation au monde, aide à comprendre les relations interpersonnelles, à donner du sens à certaines grandes idées, à appréhender des questions politiques. On dit qu’elle est une éducation à l’empathie, qu’elle installe des valeurs, qu’elle ouvre à d’autres cultures. Oui, d’accord, elle fait tout ça. Mais il est bizarre qu’on mentionne si rarement que la littérature jeunesse, c’est tout d’abord un apprentissage du littéraire » (Beauvais, 2023).

En effet, la littérature jeunesse est aussi envisagée comme un outil de maîtrise de la langue, un outil essentiel pour le développement du goût de lire, un outil pédagogique et d’émancipation, un support de sensibilisation. Pour Jérôme Bruner, la langue est un outil capital dans le développement cognitif des jeunes enfants afin qu’ils précisent, structurent leurs idées et puissent accéder à un mode de pensée abstraite (Bruner, Goodnow, Austin, 1956 ; Bruner, 1986).

Ces fonctions et intentions prêtées à la littérature jeunesse sont multiples, parfois contradictoires et participent à la complexité de l’objet. Cependant, chercher à caractériser la littérature jeunesse par ses multiples formes, ses racines éditoriales, son lectorat ou par ses fonctions serait parcellaire tant il nous semble important de prendre en considération les médiations qu’elle peut susciter.

1.2. Littérature jeunesse : un objet de médiations

Penser les médiations de et par la littérature jeunesse suppose de s’intéresser à ce qui en est fait, à la manière dont elle est pratiquée. La médiation est un concept central des sciences de l’information et de la communication (Régimbeau, 2011). Nous choisissons de retenir la définition qu’en donne Yves Jeanneret lorsqu’il parle de son projet éditorial de collection Communication, médiation, et construits sociaux aux éditions Hermès-Lavoisier :

« Le terme médiation désigne […] l’espace dense des constructions qui sont nécessaires pour que les sujets, engagés dans la communication, déterminent, qualifient, transforment les objets qui les réunissent et établissement ainsi leurs relations. Pratique qui n’est jamais ni immédiate, ni transparente. Ces constructions relèvent à la fois d’une logistique (la médiation exige des conditions matérielles), d’une poétique (la médiation, qui n’est pas simple transmission, invente des formes) et d’une symbolique (la médiation ne fait pas que réguler, elle institue). La création et l’évolution des dispositifs médiatiques contribuent à ces processus […] »

La médiation du livre oriente le regard, non vers l’objet lui-même (sa structure, sa forme) mais vers l’usage sensible qui en est fait, sur la relation qu’il introduit (Caune, 2006). L’accent est donc posé sur la réception sensible. Dans cette manière d’envisager la médiation, les médiateurs jouent un rôle primordial. Et dans le cas de la médiation du livre jeunesse, les médiateurs sont nombreux, ils sont des acteurs humains essentiels ; ils peuvent être auteurs, illustrateurs, éditeurs, critiques littéraires, parents, bibliothécaires, enseignants, (Noël-Gaudreault, Le Brun, 2013) formateurs, éducateurs, animateur culturel, artistes, scénaristes, comédiens, cinéastes… Parfois ils endossent même plusieurs identités de passeurs. Il nous semble qu’une réflexion menée autour du rôle de ces médiateurs permettrait de mieux comprendre les médiations possibles. Les intentions des médiateurs sont nombreuses et rejoignent les fonctions de la littérature jeunesse énoncées précédemment. On peut donc dire que la médiation du livre jeunesse réunit à la fois des acteurs, des intentions et des documents. 

Donnons trois exemples de médiation qui nous semblent bien illustrer la médiation par le livre jeunesse.

Le premier exemple est tiré du champ éducatif. En effet, dans le domaine de l’éducation, la littérature jeunesse est souvent utilisée comme support d’accompagnement des apprentissages. En 2003, un groupe de formateurs a commencé à regrouper un ensemble de références d’albums, de romans, de bandes dessinées destinées à la jeunesse dans une base de données bibliographiques nommée Publimath. Les ouvrages ainsi référencés permettent d’approcher des notions mathématiques telles que la numération, l’algèbre, l’histoire des mathématiques... Cette base documentaire développée depuis 2003 par l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement primaire (APMEP) et l’assemblée des directeurs des instituts de recherche sur l’enseignement des mathématiques (IREM) (Eysseric, Miskiewicz, 2012) comprend aujourd’hui 4074 notices (mise à jour le 21 août 2023).

Pour le deuxième exemple, nous nous référons aux travaux de Catherine Bruguiere, chercheur en sciences de l’éducation et de la formation. Elle s’intéresse notamment aux rapports que la fiction entretient avec le monde réel. Pour elle, la fiction est à considérer comme une imitation (mimesis), une représentation du monde réel : « lire des récits de fiction nous apprend des choses sur ce monde et sur la façon dont nous négocions notre rapport au monde » (Bruguiere, 2019). Bruguiere s’intéresse tout particulièrement aux albums de fiction-réaliste qu’elle distingue des manuels scolaires, des albums documentaires, des fictions documentaires... Elle définit les albums de fiction-réaliste comme « des récits de fiction qui ne cherchent pas à fournir de réponses et encore moins d’explications scientifiques […] ils développent néanmoins une cohérence narrative en référence à des phénomènes du monde réel et appellent le lecteur à un travail de re-considération de ces phénomènes en jeu » (Bruguiere, 2019). Ce ne sont ni des critères de proportion d’information, ni de véracité d’information mais plutôt des caractéristiques narratives et fictionnelles et des aventures scientifiques pour lesquelles le lecteur s’engage et coopère (Eco, 1985). Nous retenons la volonté de développer chez les jeunes lecteurs « une capacité à tisser des relations entre ce qu’ils connaissent ou croient connaître du monde réel et ce qu’ils comprennent/interprètent lors de la lecture de fiction-réaliste » (Bruguiere, 2019).

Le troisième exemple pose le livre jeunesse comme intermédiaire pour aborder une question sensible. De fait, le livre peut être choisi dans un cadre scolaire ou familial pour discuter d’une thématique délicate comme une séparation, une maladie, une pandémie, un accident, un deuil ou une guerre. Le livre fait alors écho à des questionnements et à des émotions que peuvent éprouver un jeune enfant, il vient lui suggérer des pistes de compréhension et des manières de s’y confronter (Mitrovic, 2021). En psychologie, trois chercheurs ont questionné la fonction que pourrait assurer la littérature jeunesse auprès d’enfants endeuillés par la mort d’un de leur parent. La littérature peut proposer des supports pour initier le dialogue avec l’enfant (Mietkiewicz, Lemoine, Schneider, 2019). Ainsi, les livres apparaissent comme « des médiateurs pertinents » à condition qu’ils soient racontés et soutenus par des adultes qui l’utilisent pour amener un dialogue.

On imagine bien à travers ces trois exemples comment des médiations peuvent peu à peu se construire. Pour chaque exemple, on sent une volonté des médiateurs de transformer l’objet livre en apprentissages ou en provocation de questionnements. Ces différentes formes de médiations ainsi que les acteurs à l’œuvre participent, selon nous, au rapprochement des sciences de l’information et de la communication et de la littérature jeunesse. Cependant, nous envisageons aussi une autre forme de rapprochement. C’est dans l’élaboration des systèmes de classification des sciences de l’écrit construits par les pionniers des sciences de l’information et de la communication que nous cherchons cette association.


1.3. La littérature jeunesse dans Les sciences de l’écrit (Estivals, 1993)

L’institutionnalisation des sciences de l’information et de la communication a eu lieu en France en 1975 avec la création de la section 71 par le conseil national des universités (CNU). Dix-huit ans plus tard, en 1993, Robert Estivals et Jean Meyriat publient l’ouvrage Les Sciences de l’écrit (Estivals, 1993). Nous avons cherché à savoir si les auteurs avaient fait état de la littérature jeunesse dans la classification établie des sciences de l’écrit. Le schéma de la classification de la bibliologie élaboré par Robert Estivals et Jean Meyriat entre 1990 et 1992 est accepté par l’Association internationale de bibliologie (AIB). Ce schéma de la classification de la bibliologie présente le double objectif de faire l’analyse systématique des champs d’études de l’écrit et d’énumérer et de classer les diverses sciences qui intéressent ce domaine (Estivals, 1993). 

La littérature jeunesse est l’une des entrées de cette encyclopédie (Soriano, 1993 : 380). Elle y apparaît aussi dans la classification comme une des catégories d’objets écrits / écrits classés d’après leur public / pour la jeunesse. Parmi ces catégories d’écrits on trouve un article de Guy Gauthier sur les écrits illustrés (Gauthier, 1993 : 212) dans lequel il est question des territoires de l’illustration (le livre pour enfants, le livre d’artiste, le livre documentaire, le photojournalisme, la caricature et le dessin humoristique, les vignettes isolées, la couverture). 

En nous situant dans la lignée de ces travaux, nous cherchons à comprendre la pratique de la littérature jeunesse par les sciences de l’information et de la communication en utilisant la classification de la bibliologie. Dans le développement des sciences de l’information, Estivals pose la bibliologie comme une science de l’écrit, une science qui vise à expliquer la communication écrite. L’écrit est une catégorie de document direct fixant la pensée et la langue par l’écriture, il relève de la sémiologie par son écriture et de la documentologie par son support. La documentologie est entendue comme science qui étudie les documents c’est-à-dire des objets porteurs d’informations (Estivals, 1987). Ces documents sont dits langagiers dans le sens où ils sont créés par l’homme à partir de systèmes de signes. La transformation de l’écrit en document introduit la notion d’information entendue comme « le contenu, le sens, la connaissance mise à l’intérieur d’une forme » (Estivals, 1987). L’étude de l’information a pour nom l’informatologie.

Ces sciences de l’écrit inscrivent la littérature jeunesse dans un cadre préétabli par Estivals, Meyriat (1993) et avant eux Peignot (1802) et Otlet (1934). 

Les outils documentaires évoluent au fil du temps et cette classification des sciences de l’écrit est amenée à évoluer, elle change au fur et à mesure de l’avancement des connaissances dans la discipline (Guinchat, Skouri, 1989). Un projet de construction est d’ailleurs en cours (Houali, 2021).

La littérature jeunesse peut donc être observée en sciences de l’information et de la communication du point de vue de ses contenus, de ses supports, de ses publics, de ses systèmes de réception et de consommation, des médiations. Pour suivre ce cheminement, nous cherchons des travaux issus des sciences de l’information et de la communication dans lesquels il est question de littérature jeunesse. Comment procéder pour lancer ces observations ?

2. Rencontre des sciences de l’information et de la communication et de la littérature jeunesse dans les travaux universitaires : déroulement d’une analyse (Bardin, 2018)

Dans la manière d’aborder la littérature jeunesse, les sciences de l’information et de la communication comme d’autres disciplines semblent chercher à la pratiquer. Mais comment ? Nous cherchons à comprendre comment les étudiants et les chercheurs en sciences de l’information et de la communication pratiquent la littérature jeunesse. Pour cela nous choisissons d’explorer et de collecter un ensemble de références issues de différents portails d’archives ouvertes.

2.1. Avantages et inconvénients de rechercher des informations dans plusieurs portails d’archives ouvertes en ligne. Présentation des portails explorés

Rechercher des documents sur des portails distincts nous permettra de trouver des réponses complémentaires. Chaque portail devrait nous conduire à analyser des données différentes. Si la multiplicité des portails d’archives ouvertes permet une sécurité dans la sauvegarde des données et une mise en lumière d’unités scientifiques (bibliothèques universitaires, centres de documentation, CNRS, HAL…), on peut déplorer le fait que cette pluralité ne permette pas de concentrer tous les documents archivés dans un seul et même espace, obligeant le chercheur d’informations à interroger différents outils. Ceci étant, nous avons aimé pouvoir utiliser le portail de recherche Memsic permettant de chercher la thématique littérature jeunesse dans une base ne référençant que des travaux issus des sciences de l’information et de la communication, cette base nous a grandement facilité le travail.

Nous avons exploré six portails d’archives ouvertes : Sudoc, @rchivesic, Memsic, Dumas, Thèses.fr et Dante.

 

Portails d’archives ouvertes

Type de portail et

Types de documents

Nombre total
de documents

relevé au 24/08/2023

Sudoc.abes.fr

Ouverture en 2000

Système universitaire de documentation.

Catalogue, base de données bibliographique pour l’enseignement supérieur et la recherche. 

Documents imprimés, ressources numériques, thèses de doctorat

 

Plus de 15 millions

 

@rchiveSIC

 

Ouverture en 2002

Archive ouverte en sciences de l’information et de la communication.

Habilitation à Diriger des recherches, articles, ouvrages, chapitres d’ouvrages, articles, communication dans un congrès, cours

 

3 222

Mémsic

 

Ouverture en 2003

Site internet du centre pour la communication scientifique directe du Centre national de la recherche scientifique.

Mémoires d’étudiants en master sciences de l’information et de la communication

 

562

Dumas

 

Ouverture en 2008

Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance. Mémoires validés par un jury

Archives ouvertes de travaux d’étudiants bac +3 ou bac +4

 

50 079

 

Theses.fr

 

Ouverture en 2011

Dépôt des thèses de doctorat soutenues en France depuis 1985.

524 712

Dante 

Ouverture en 2016

Plateforme de dépôt et archivage numérique des travaux étudiants de l’Université de Toulouse-Jean Jaurès. Mémoires de master soutenus à l’Université de Toulouse.

Accès libre en fonction des autorisations de diffusion accordées par l’auteur et le jury de soutenance.

 

9 195

 

Tableau 1 : Exploration de portails d’archives ouvertes

 

Comment procéder pour interroger ces différents outils ?

 

 

2.2. Recherche de documents par combinaisons de mots clés

Nous cherchons dans ces portails d’archives ouvertes des publications en sciences de l’information et de la communication : mémoires, thèses, articles de revues, ouvrages, chapitres d’ouvrages et actes de colloques publiés et dans lesquels il est question de littérature jeunesse.

Tous ces portails permettent une recherche par mots clés, cependant ceux-ci ne sont pas harmonisés. Le portail Dumas, propose par exemple plusieurs entrées pour une seule et même thématique (littérature pour la jeunesse, littérature de jeunesse et littérature jeunesse) obligeant à reformuler la requête pour s’assurer de n’omettre aucun résultat. Il arrive aussi que certains travaux indiquent des mots clés trop spécifiques (comme : indexation, cotation, vocabulaire contrôlé, langage documentaire) sans proposer pour autant de termes génériques. Malgré l’utilisation de filtres de recherche nous avons eu du mal à formuler une requête nous assurant une recherche exhaustive.

L’exploration des portails d’archives ouvertes a permis de croiser nos résultats et de ratisser un large champ pour essayer de ne pas passer à côté de travaux importants. Nous avons délibérément écarté ceux qui n’avaient pas d’ancrage info-documentaire assez fort et net. La phase de collecte a été rendue possible par la combinaison de différents mots clés utilisés au singulier et au pluriel, en français et en anglais. Nous avons ainsi interrogé ces outils de recherche et constitué notre corpus. 

Considérant la dénomination complexe de notre objet de recherche, nous avons choisi d’utiliser les combinaisons des termes et expressions qui suivent : 

● enfant, enfance, jeune, jeunesse, adolescent, adolescence, jeune adulte, lecteur, communauté de lecteurs, pratiques de lecture, lire, manières de lire

● documentation, éducation aux médias, éducation aux médias et à l’information, sciences de l’information, sciences de l’information et de la communication, sciences de l’information et de la documentation

● littérature jeunesse, littérature de l’imaginaire, fiction, œuvre de fiction, roman, album, livre album, album jeunesse, album de fiction, album documentaire, bande dessinée, manga, documentaire jeunesse

● littératie, lecture, lecture plaisir

 

2.3. Utilisation de filtres temporels et temporalité des publications

Si les portails consultés ne sont accessibles au public que depuis les années 2000, certains documents sont cependant bien plus anciens. La période des travaux sélectionnés s’étend ainsi entre 1965 et 2021. Nous avons choisi de réaliser cette recherche en restreignant la période le moins possible, dans une dynamique temporelle large et afin de balayer un maximum de publications et d’opérer un état des lieux de ce qui se pense et s’écrit aujourd’hui sur ce croisement de champs d’étude. Nous souhaitions proposer un caractère contemporain et mettre en évidence une évolution dans l’apparition des travaux de recherche. Nous essayerons de rendre compte de cette temporalité et des évolutions dans nos résultats.

Il nous est apparu à travers cette recherche, que la politique d’archivage, de conservation et de valorisation des mémoires est bien en marche. Ces travaux participent à la conservation pérenne de la mémoire institutionnelle et à l’écriture de l’histoire de la discipline des sciences de l’information et de la communication et plus spécifiquement celle de l’information documentation. 

 

 

2.4. Constitution du corpus

Il ne s’agissait pas de retenir tous les résultats obtenus de manière systématique mais de chercher à sélectionner ceux qui nous paraissaient les plus pertinents relevant un lien établi entre la littérature jeunesse et un ancrage au sein des sciences de l’information et de la communication. Les mots clés « bande dessinée » « manga » ou « littérature de l’imaginaire » par exemple ne renvoient pas forcément vers des travaux spécifiquement de littérature jeunesse. Si le « public jeune » n’est pas clairement identifié ou si quelques doutes persistent, alors les travaux ne sont pas retenus pour le corpus.

Aussi, nous n’avons pas pu lire les mémoires des étudiants dans leur intégralité. Nous nous sommes donc attachée à comprendre leurs intentions à partir du document secondaire que constitue la notice de leur travail. Quand l’accès au document intégral n’était pas possible, nous avons choisi de porter notre attention sur les mots clés, les titres et les résumés. Si les portails Dumas et Memsic permettent d’accéder aux mémoires dans leur intégralité ce n’est pas le cas pour la base Dante. Dans cette base, près d’un tiers des mémoires sont en accès libre. Le portail Sudoc ne permet pas non plus d’accéder aux écrits académiques des étudiants.

Nous avons donc établi un rassemblement de textes dans une perspective sérielle (Mayaffre, 2002). Le corpus textuel construit est devenu un corps complexe à analyser. Nous souhaitions interroger cet objet heuristique, cette nouvelle construction. À ce stade, nous espérions que ce corpus révèle des croisements entre sciences de l’information et de la communication et littérature jeunesse que nous souhaitions examiner.

Notre corpus comprend 156 références réparties comme suit :

Mémoires et rapports de stage : 123 dont

Dumas : 41 ; Memsic : 5 ; Dante : 51 ; Sudoc : 26

Articles de revues scientifiques reconnues du domaine des SIC : 9

Manifestations, journées scientifiques, actes de colloques : 11

Thèses : 8

Ouvrages, chapitres d’ouvrages : 5

Ces résultats couvrent une période entre 1965 et 2021. Plus de cinq décennies font apparaître différentes évolutions. Une fois le corpus établi, nous nous sommes employée à sa catégorisation.

 

2.5. Règles de catégorisation

Dans L’analyse de contenu, Bardin (2018) explique comment établir des catégories rassemblant différents groupements d’éléments sous un titre générique. Cela permet de faire rejaillir des caractères communs et de répartir des objets dans des cases. Il s’agit d’une démarche structuraliste qui demande d’abord d’inventorier des éléments puis de les classifier.

En suivant cette démarche, nous choisissons dans un premier temps de classer par thématiques les 156 références retenues pour notre corpus. Dans un deuxième temps, nous les classons par auteur puis par directeur de recherche. Cette manière de procéder fait ressortir un troisième élément de catégorisation : les contextes géographiques de production des travaux c’est-à-dire les rattachements universitaires où ses documents ont été produits. Enfin, nous avons utilisé ces indices pour mettre en évidence les modalités de ces universités concernant leur mode de valorisation des travaux académiques.

 

 

 

3. Présentation des résultats

De ce travail de catégorisation du corpus, il ressort quatre éléments saillants : l’héritage de Robert Escarpit et de Denise Dupont-Escarpit (3.1.), des formations universitaires en information documentation qui encadrent et valident des travaux sur la littérature jeunesse (3.2.), des contenus informationnels de mémoires situés au croisement des sciences de l’information et de la communication et de la littérature jeunesse (3.3.), des chercheurs qui écrivent sur la littérature jeunesse dans des revues reconnues du domaine des sciences de l’information et de la communication (3.4.).

3.1. L’héritage de Robert Escarpit et de Denise Dupont-Escarpit

Robert Escarpit (1918-2000) est l’auteur entre autres de La révolution du livre (Escarpit, 1965), L’écrit et la communication (Escarpit, 1973) et de La théorie générale de l’information et de la communication (Escarpit, 1976). Agrégé d’anglais en 1942, docteur ès lettres en 1952, professeur de littérature comparée à la faculté de Bordeaux à partir de 1949, il est l’un des fondateurs en France des sciences de l’information et de la communication (Perrot, 2002). En 1969, il fonde l’institut des sciences de l’information et de la communication. De 1962 à 1980, il travaille pour l’Unesco dans le cadre du programme de développement du livre dans le monde (Estival, 1993 : 490). Dans Les Sciences de l’écrit (Estival, 1993), Robert Escarpit collabore à l’écriture de plusieurs articles : Analphabétisme et illettrisme (p. 18), Écrits sur l’avant-garde (p. 209), Lettrisme (p. 374), Sociologie du livre (p.490), Système de l’écrit (p. 511). Son ancrage se situe du côté de la sociologie de la littérature, il s’intéresse aux spécificités du livre en tant que production intellectuelle, à sa matérialité, ses caractéristiques physiques : typographie, reliure, couverture… mais aussi à ses aspects commerciaux : modes de fabrication, de production et de diffusion-distribution. Robert Escarpit œuvre en faveur de la lecture et de la culture pour tous. Il souhaite démocratiser l’accès au « fait littéraire », notamment en encourageant la diffusion du format poche apparu en France en 1953 (Bosser, Noël, 2022). Robert Escarpit écrit aussi pour la jeunesse, il est l’auteur de Contes et légendes du Mexique, 1956 ; Les contes de la Saint-Glinglin, 1973 ; Les reportages de Rouletabosse, 1978, Le secret du pilfastron, 1991… Étant donné la richesse de ce parcours de vie, il n’est pas étonnant qu’il fût aussi directeur de plusieurs thèses s’intéressant à la littérature jeunesse et ayant un ancrage en sciences de l’information et de la communication. Nous avons recensé trois thèses dirigées par Robert Escarpit : « La lecture des enfants en Côte d’Ivoire » (Serie, 1979) ; « La famille dans les romans pour jeunes de 1860 à 1975 » (Derval, 1987) et « Le monde de Beatrix Potter » (Coitit-Godfrey, 1988).

Son épouse Denise Dupont-Escarpit (1920-2015) est, elle, une pionnière de la recherche sur la littérature d’enfance et de jeunesse (Couffignal, 2017). Elle est à l’origine de la revue Nous voulons lire ! (NVL) qu’elle fonde en 1972, revue qui s’adresse aux médiateurs du livre jeunesse. Entre 1981 et 1985, elle préside l’organisation internationale : International Research Society for children Literature (IRSCL) qui a pour mission essentielle de promouvoir la recherche académique dans le domaine de la littérature pour l’enfance et la jeunesse. Dans ce cadre, elle organise à Bordeaux en 1983, le sixième congrès de l’IRSCL (Nières-Chevrel, 2017) sur le thème de la représentation de l’enfant dans la littérature pour enfants. 

Par ailleurs, elle est l’auteur de deux articles parus dans la revue Communication et langages, l’un sur la lecture de l’image (Dupont-Escarpit, 1973) et l’autre sur le plaisir de lecture et le plaisir de lire (Dupont-Escarpit, 1984). En 1995, elle reçoit le prix Grimm international décerné par l’Institut international de littérature d’enfance et de jeunesse d’Osaka (IRSCL). Ce prix, créé en 1986, récompense des personnes pour leurs travaux dans le domaine de la littérature d’enfance et de jeunesse. En 1997, Denise Dupont-Escarpit crée le centre de ressources aquitain sur le livre d’enfance et de jeunesse (CRALEJ) à Bordeaux, devenu en 2017 le centre Denise Escarpit.

Retracer le parcours de ces deux chercheurs entre 1942 et 1997 nous paraissait essentiel tant ils arrivent à embrasser littérature jeunesse et sciences de l’information et de la communication. Il nous paraissait donc important de rappeler ces trajectoires de vie car il nous semble que leur apport et leur impact sont encore ressentis aujourd’hui. Ils sont les prémices de l’étude de la littérature jeunesse en France et notamment en sciences de l’information et de la communication. Au début du XXIe siècle le secteur de l’édition jeunesse est très dynamique, il s’épanouit tant d’un point de vue économique que créatif (Van der Linden, 2021). Des étudiants en sciences de l’information choisissent de s’intéresser à cette évolution, aux mutations suscitées par le numérique, aux médiations.

3.2. Des formations en information documentation encadrent et valident des travaux sur la littérature jeunesse 

Notre corpus fait ressortir une volonté universitaire de valoriser les travaux d’étudiants dans le domaine des sciences de l’information. Ainsi, la combinaison des mots clés révèle 123 mémoires et rapports de stage. Ces travaux sont mis en valeur par les universités de Toulouse à travers le portail Dante, de Lille sur les portails Dumas et Memsic et celle de Villeurbanne par le portail du Sudoc. Ces universités semblent se démarquer sur le terrain de la visibilité des mémoires en information documentation. D’autres universités et formations apparaissent mais de manière moins flagrante. C’est le cas de INTD-CNAM, Paris Panthéon Assas, Paris Nanterre, Paris Sorbonne, Lyon 3, Nancy 2, ESPE Nantes, Nice, ou encore Poitiers. On peut se demander si ces universités offrant des formations similaires valorisent ou non les travaux universitaires des étudiants, si oui comment et par quel biais ? Avec quelles modalités d’accès ? Est-il possible que ces mémoires ne soient pas mis en ligne à disposition du plus grand nombre par manque de temps, de personnel ou de matériel ?

L’université Toulouse Jean Jaurès propose différentes formations en information documentation, notamment celle dispensée par le département documentation, archives, médiathèque et édition (DDAME) et celle de l’institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPE). Les mémoires et rapports de stage de notre corpus révèlent ainsi : une licence professionnelle librairie : enjeux et pratiques émergentes ; un master édition imprimée et électronique ; un master information-documentation ; un master information-communication, un master métier de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) éducation aux médias et à l’information ; et un master métier de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) documentation. Pourtant si la discipline information documentation de ces formations semble évidente au premier regard, en cherchant à nous assurer des rattachements disciplinaires des encadrants des mémoires nous constatons que tous ne sont pas des enseignants en sciences de l’information et de la communication. Ainsi, parmi les directeurs de mémoire on trouve essentiellement des professionnels du livre et des médias : des intervenants professionnels du secteur de l’édition, un libraire et formateur en littérature jeunesse, un professeur documentaliste, et quatre enseignants chercheurs : en sciences de l’éducation, en droit public, en espagnol et un en sciences de l’information et de la communication. On voit bien que l’information documentation n’est pas la seule formation des encadrants et finalement comment un choix semble avoir été fait pour privilégier une pluralité des approches et des regards.

Pour l’université Lille 3, on recense 29 mémoires en sciences de l’information et de la documentation au sein de l’UFR Information, Documentation, Information Scientifique et Technique (IDIST). Christian Loock est l’un des principaux responsables universitaires ayant encadré les travaux d’étudiants (il a encadré 18 mémoires entre 1996 et 2005), il a travaillé au service commun de la documentation (SCD) de Lille 3. On note que plusieurs chercheurs en sic ont encadré des mémoires dans cette université : Annette Béguin (1 encadrement), Chérifa Boukacem-Zeghmouri (1 encadrement), Dominique Cotte (1 encadrement), Susan Kovacs (2 encadrements), Ismaïl Timimi (1 en codirection) tous les cinq sont enseignants chercheurs en sciences de l’information et de la communication.

 

À Villeurbanne, l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib) forme des cadres de l’information et de la documentation. Cette école délivre des diplômes de conservateur des bibliothèques et propose un master en sciences de l’information et des bibliothèques. Parmi les 21 mémoires de notre corpus, les encadrants sont conseiller livre et lecture DRAC, responsable du département jeunesse en bibliothèque, conservateurs des bibliothèques, enseignants chercheurs en histoire et anthropologie culturelles du XXe siècle, enseignants chercheurs en histoire du livre et des bibliothèques, enseignant chercheur en sciences de l’information et de la communication.

Ainsi, les professions des encadrants de mémoires donnent une couleur, une direction, une orientation aux enseignements dispensés dans ces universités. On peut penser que même si dans toutes ces formations l’information, le livre et la lecture sont au cœur des enseignements, l’université de Toulouse est davantage impliquée dans le secteur de l’édition, Lille dans l’information-documentation et Villeurbanne plus fortement tournée vers la conservation, l’histoire du livre et des bibliothèques.

3.3. Analyse des contenus informationnels des mémoires, situés au croisement des sic et de la littérature jeunesse

 

 

123 mémoires d’étudiants portent à la fois sur des réflexions en sciences de l’information et de la communication et en littérature jeunesse. À partir de 2016 on observe une augmentation nette de l’écriture de mémoires sur ces thématiques. Ces résultats sont néanmoins à nuancer. Ils mériteraient d’être approfondis par sous thématiques. Des travaux ont peut-être été omis lors de notre enquête, cependant nous pouvons relever certaines tendances.

Les réflexions menées par les étudiants se tournent vers des lieux du livre, des espaces physiques ou virtuels. On y trouve des espaces documentaires situés en France (à Lille, Arras, Boulogne-sur-Mer, Douai, Liévin, Le Quesnoy, Béthune, Lyon, Villeurbanne, Versailles, Nancy, Issy-les-Moulineaux) ou à l’étranger (Maroc, Iran). Les espaces observés sont des bibliothèques, des médiathèques mais aussi des maisons d’édition, des Centres de documentation et d’information du milieu scolaire ou encore des librairies. À partir de 1998 et au début des années 2000, les étudiants commencent à observer le livre et ses pratiques sur les espaces numériques : ils explorent des sites internet spécialisés, des catalogues d’éditeurs ou de bibliothèques, ils s’intéressent à l’indexation des pages web et à leur référencement, ils analysent les comportements des usagers des réseaux sociaux sur Instagram, Babelio, Youtube ou sur des forums spécialisés.

À côté des lieux du livre, les étudiants observent différents acteurs du monde du livre. Au sujet des éditeurs, ils questionnent les politiques de diffusion, les stratégies éditoriales, le marketing, la traduction et le multilinguisme. Ceux qui s’intéressent au professeur documentaliste étudient la prescription, le plaisir de lire, l’influence des réseaux sociaux sur les choix de lectures, la littérature young adult. Des auteurs sont aussi étudiés comme : Valérie Dayre, Lewis Carrol, Roald Dahl, Claude Ponti. Et puis, on note qu’une large part des mémoires est consacrée aux lecteurs, à leurs pratiques et à leurs comportements. Les étudiants s’intéressent à des âges et à des publics spécifiques : adolescents, jeunes adultes, public dyslexique. Ils observent les lecteurs et leurs manières d’être au sein d’un groupe : communauté de fans, comité de lecture ; groupe de partages d’opinions ; ils s’intéressent encore à la construction identitaire.

Parmi les actions menées par les professionnels du livre, les étudiants s’intéressent à la politique et à la gestion documentaire : acquisition, désherbage, évaluation des collections, numérisation des livres, valorisation, patrimonialisation. Les médiations sont elles aussi très étudiées. Les mémoires rendent compte de politiques d’animations au travers de manifestations littéraires, fêtes du livre jeunesse, salons, rencontres, médiation éditoriale, exposition du patrimoine jeunesse, ou encore à la place faite à la littérature jeunesse à l’université. 

Les étudiants interrogent encore la diversité des documents et la variété des supports : les albums (7 mémoires), les romans (7 mémoires), les mangas (7 mémoires entre 2018 et 2020), la presse et notamment les magazines Jules Verne junior, Topo, Dada, La Revue Dessinée (7 mémoires), les documentaires (6 mémoires), les bandes dessinées (3 mémoires), l’illustration (2 mémoires), la poésie (1 mémoire), le livre animé (1 mémoire), l’enregistrement sonore (1 mémoire), le livre en réalité augmentée (1 mémoire), le livre tactile (1 mémoire). Ils questionnent aussi les genres : romans d’aventures ; roman scout, fantasy ; littérature dystopique ; comic books.

Pour finir, une large part des mémoires s’intéresse aux contenus informationnels de la littérature jeunesse, des thématiques abordées par les auteurs : information dans la fiction, fiction dans le documentaire ; enjeux environnementaux ; animal sauvage ; mythe arthurien ; place du personnage dans le roman adolescent ; sujets sensibles ; sexualité et désir féminin ; homosexualité ; violence ; édition jeunesse engagée ; dimension sociale et politique ; identité numérique.

Nous supposons que cet engouement des étudiants en sic pour la littérature jeunesse est dû à leur âge et à la concomitance avec divers phénomènes marquants du milieu de l’édition. Aujourd’hui en France, un étudiant en master a environ 25 ans et si on regarde le secteur de la littérature jeunesse, il a tendance à proposer une littérature pour jeunes adultes qui s’adresse à des lecteurs âgés de 12 à 30 ans selon l’enssib. Les étudiants se sentent donc très proches de cette littérature. Ils ont grandi et connu le succès des sagas Harry Potter (1997), Twilight (2005), Percy Jackson (2005), les premiers tomes des mangas One Piece (2000 en France) et Naruto (2002 en France), l’explosion de nouveaux genres littéraires : fantasy, genre qui s’est imposé dans les années 2000 (Besson, 2015) dystopie (Mutelet, 2012), la dark romance, l’urban fantasy la naissance du secteur young adult. Par contre, si le nombre de mémoires alliant sciences de l’information et de la communication et littérature jeunesse est conséquent, on peut se demander pourquoi peu de chercheurs en sciences de l’information et de la communication poursuivent ces réflexions. L’une des réponses réside, il nous semble, dans la professionnalisation des formations. Les étudiants ayant entamé un travail de recherche en maîtrise ou en master n’ont pas souhaité poursuivre puisqu’engagés dans un travail de bibliothécaire, éditeur, libraire, conservateur...
 

3.4. Ces chercheurs qui écrivent sur la littérature jeunesse dans les revues reconnues du domaine des sciences de l’information et de la communication

À notre connaissance, très peu de chercheurs en sciences de l’information et de la communication écrivent sur la littérature jeunesse. Ce n’est pas parce qu’ils encadrent des mémoires sur ces sujets qu’ils publient sur la littérature jeunesse. Se sentent-ils illégitimes ? Le couple littérature jeunesse et sciences de l’information et de la communication est-il si dissonant ? Parmi les revues qualifiantes en sciences de l’information et de la communication on relève neuf articles écrits par des chercheurs -la grande majorité sont des femmes- de la 71eme section dans cinq revues différentes : Communication et langages, Documentation et bibliothèques, Les enjeux de l’information et de la communication, Médiation et information et Le temps des médias. La manière dont ces chercheurs abordent la littérature jeunesse est très différente. Il est question de médiation éditoriale, du discours environnemental dans les documentaires jeunesse, de journalisme et de presse jeunesse. 

Dans sa thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Karel Soumagnac s’est intéressée à la médiation en ligne de la littérature jeunesse (Soumagnac, 2006a). Elle a par la suite publié deux articles dans lesquels il est question de littérature jeunesse. Dans Communication et langages (2006b) elle étudie la médiation éditoriale sur les sites internet de littérature pour la jeunesse. En 2011, dans Médiation et information, elle s’intéresse aux intertextes des sites dédiés à la littérature jeunesse pour adolescents (Soumagnac, 2011).

Susan Kovacs fait partie des encadrants de mémoires des étudiants. Dans Communication et langages, elle analyse les schémas communicationnels présents dans les ouvrages documentaires jeunesse sur les thèmes de l’environnement et de l’écologie (Kovacs, 2012). Elle voit dans ces ouvrages des « documents de sensibilisation sur le changement climatique », elle y analyse les choix rédactionnels et de mise en forme des auteurs et des éditeurs. Le document jeunesse a un objectif pédagogique, il cherche à faire comprendre des phénomènes scientifiques, des contextes sociaux et politiques, il éveille l’intérêt et porte tantôt un discours injonctif (de « faire agir »), tantôt un discours neutre. 

Françoise Hache-Bissette a publié deux articles dans Le temps des médias. L’un sur le journaliste dans les romans pour la jeunesse (Hache-Bissette, 2009) et l’autre sur le rapprochement de deux éditeurs de presse pour la jeunesse : Bayard et Milan (Hache-Bissette 2013). Ivanne Rialland a elle aussi publié dans Le temps des médias un article sur l’histoire et les évolutions éditoriales de la revue Dada, une revue d’art pour enfants (Rialland, 2019).

Si plusieurs revues reconnues du domaine des sciences de l’information et de la communication publient des articles relatifs à la littérature jeunesse, leurs auteurs ne sont pas forcément issus des sciences de l’information. Ainsi, Ferenc Fodor, chercheur en linguistique et sémiologie, a publié dans Communication et langages un article intitulé « Les jeunes face au changement climatique dans l’imaginaire romanesque » (Fodor, 2012) ; Michel Favriaud, qualifié en sections 09 (Langue et littérature françaises) et 07 (Sciences du langage) a publié dans la revue Semen « Ponctuations blanche et grise dans un album de jeunesse de Béatrice Poncelet » (Favriaud, 2016) ; Christiane Connan-Pintado, chercheur en langue et littérature françaises, a publié dans la revue Hermès un article intitulé : « Stéréotypes et littérature pour la jeunesse » (Connan-Pintado, 2019). On note donc une certaine porosité, comme si la littérature jeunesse était finalement un objet transdisciplinaire dans lequel chaque discipline pouvait se retrouver. Tant par sa richesse, son éclatement et sa construction on observe comment elle rayonne au-delà de ce qu’elle est. En cela, la littérature jeunesse est source de médiations et de réflexions multiples.

 

Conclusion

Nous souhaitions à travers cette étude interroger la place de la littérature jeunesse dans les travaux de recherche en sciences de l’information et de la communication et observer la manière dont elle y apparaissait. Nous avons mis en lumière un héritage des chercheurs Robert Escarpit et Denise Dupont-Escarpit qui dans les années 1970-1980 ont œuvré au rapprochement des sciences de l’information et de la communication et de la littérature jeunesse. Par ailleurs, une volonté institutionnelle de valoriser les travaux en information documentation laisse apparaître des mémoires qui allient de manière claire sciences de l’information et littérature jeunesse. Nous avons montré combien les sujets étudiés sont variés et d’une grande richesse. Enfin, du côté des chercheurs en sciences de l’information et de la communication peu allient les sciences de l’information et de la communication et littérature jeunesse. Cette manière d’observer la science peut poser des questions d’appartenance à des disciplines, à des revues ou à des systèmes de pensée. Pourtant, si l’université semble avoir tendance à cloisonner les objets, nous relevons des croisements, des constructions communes, des glissements et des ouvertures. C’est ce que révèle notamment la volonté de construire des manifestations, journées scientifiques, colloques autour d’objets de recherche communs. Nous avons relevé onze manifestations scientifiques entre 1979 et 2022. Cette liste n’est pas exhaustive mais elle montre comment des volontés et des interventions d’hommes et de femmes peuvent faire bouger les lignes et proposer des rapprochements, des décloisonnements, des réflexions communes.

Ce travail reste néanmoins exploratoire et mériterait d’être approfondi. En effet, il n’est pas aisé de parcourir avec exhaustivité toute la production scientifique du champ étudié. Cette recherche mériterait donc un approfondissement notamment en examinant les productions scientifiques des chercheurs en sciences de l’information qui s’intéressent particulièrement à la littérature jeunesse. Nous pourrions aussi dépouiller des revues scientifiques reconnues du domaine des sic. Notons à cet égard que le BBF rend compte de nombreux colloques, congrès, rencontres européennes, journées d’études sur le thème de la littérature jeunesse ainsi que des présentations d’ouvrages comme Le guide de la littérature pour la jeunesse de Marc Soriano (Soriano, 2008). Le terrain des bibliothèques et de la documentation constitue clairement un nœud central dans lequel on retrouve des sujets essentiels comme la lecture, la littérature, l’information, le livre. Cette revue mériterait une analyse plus minutieuse.

Pour poursuivre cette réflexion, nous souhaiterions aussi pouvoir comparer l’intérêt des étudiants pour la littérature jeunesse observé dans les travaux d’autres disciplines universitaires comme les langues vivantes, l’histoire, les sciences de l’éducation, les sciences du langage, la psychologie, la sociologie… 

 

 

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Entretien avec Lucile Vanhoreebeck, libraire chez Sauramps au musée Fabre de Montpellier

Eva Sandri, Lucile Vanhoreebeck

Entretien avec Lucile Vanhoreebeck libraire chez Sauramps au musée Fabre de Montpellier. Entretien mené par Eva Sandri (maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication, université Paul Valéry Montpellier 3) Nous aborderons plusieurs thématiques liées à la médiation du livre de jeunesse lors de cet entretien. Il sera également question de la spécificité du fonds jeunesse d'une librairie de musée.     

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